DANS LE MAQUIS DES PRÉNOMS INTERDITS

Depuis 1993, les parents ont la liberté du choix du prénom de leur enfant. À ce principe, existent des limites un rien incertaines.


En Bourgogne, la presse locale a désorienté quelques lecteurs en novembre dernier. Dans les pages dédiées aux faits divers, s'était glissé comme un scénario de film. On aurait dit une nouvelle version du Prénom, la pièce dont un personnage entend obstinément appeler son fils Adolphe. L'oeuvre, sortie en 2012 et transposée avec succès sur grand écran, est rejouée un peu partout en France. Mais la nature imitant parfois l'art, une adaptation véritable occupe la justice à Dijon (Côte-d'Or, 155 114 habitants).


Prénom : « Jihad »

Au début de l'automne, une jeune mère de la région a décidé d'appeler son enfant « Jihad ». Ce terme arabe signifiant « effort » ou « lutte » est repris par certains terroristes islamistes pour désigner leur oeuvre funeste parce qu'il désigne par métonymie la « guerre sainte ». C'est sous cette acception principalement médiatique qu'il arrive en général aux oreilles françaises. La Ville de Dijon a donc saisi le procureur de la République qui a décidé de « délivrer une assignation en matière d'annulation de prénom à l'attention de la mère de l'enfant pour une audience devant le juge aux affaires familiales de Dijon ». « Ce prénom n'a rien à voir avec la guerre », a rétorqué la mère, revendiquant un choix personnel. À quoi, le magistrat a répondu que « dans l'opinion publique et au vu du contexte terroriste actuel, ce prénom est nécessairement associé aux mouvements islamistes intégristes ».
Du côté de la municipalité, où l'on rappelle que « les signalements sont extrêmement rares », la décision de saisir le procureur a été prise en vertu de l'article 57 du Code civil. « Lorsque ces prénoms ou l'un d'eux, seul ou associé aux autres prénoms ou au nom, lui paraissent contraires à l'intérêt de l'enfant ou au droit des tiers à voir protéger leur nom de famille, l'officier de l'état civil en avise sans délai le procureur de la République, dispose le texte. Celui-ci peut saisir le juge aux affaires familiales. »
 

Un intérêt de l'enfant à géométrie variable

Laissé à l'appréciation de l'officier d'état civil, cet « intérêt de l'enfant » peut...

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Février 2019
Février 2019
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