VILLE-ÉTAPE DU TOUR DE FRANCE : CELA EN VAUT-IL LA PEINE ?

La « grande boucle » va s'arrêter dans 39 communes qui ont payé un droit d'entrée conséquent pour profiter de cette vitrine médiatique et des retombées économiques.

Un ticket d'entrée
« La commune pose sa candidature, puis les organisateurs font des enquêtes de terrain sans prévenir », raconte Josy Poueyto, conseillère municipale en charge du Tour de France à Pau (Pyrénées-Atlantiques, 77 215 habitants). Ensuite, le directeur du Tour, Christian Prudhomme, fait son choix. Selon l'ASO, « le choix se fait principalement sur des critères sportifs, mais aussi dans un souci de visite du plus grand nombre de départements ». Une convention est signée entre l'ASO et la commune. « Tout est calibré au sein du cahier des charges, jusqu'à l'usage du logo du Tour de France », précise Josy Poueyto. Un formalisme qui ne rebute cependant pas sa commune qui fêtera cette année sa 70e participation à la grande boucle. Chaque commune paie bien évidemment un ticket d'entrée : pour Pau, ville-arrivée, le coût est de 120 000 euros. L'ASO reconnait que « les tarifs sont différents lorsqu'il s'agit d'un départ, d'une arrivée, d'un départ et d'une arrivée, d'un jour de repos, d'un jour de repos et d'un départ, ou encore en fonction des éventuelles complexités et autres surcoûts logistiques ». Mais l'acquittement du ticket d'entrée n'est pas le seul coût à assumer par les communes.
Prévoir un budget global
À Fontenay-le-Comte, « notre budget s'élève à 300 000 euros, explique Jean-Michel Lalère, 150 000 euros pour être ville d'arrivée et le même montant pour les animations, la sécurité, les travaux… » Mais les autres collectivités publiques apportent également leur soutien à hauteur de 52 500 euros et les fonds européens pour 30 000 euros. La commune attend enfin 30 000 euros de sponsoring privé. « La chaussée doit être refaite pour le sprint final, mais ce ne sont pas de gros travaux », commente le maire. Des montants assez similaires à Dreux : « Le coût pour être ville-étape est de 70 000 euros, auquel il faut ajouter la communication et l'animation. On a fait une étude en comparant avec des communes de même taille : au total, le budget devrait être aux alentours de 200 000 euros », estime Mourad Souni, conseiller municipal délégué aux Sports. Sans compter que le travail ne va pas manquer aux services techniques et aux 200 bénévoles qui devront installer les barrières et diriger le public vers les parkings et les points d'infos du centre-ville.Des animations à prévoir
À l'image de Dreux, certaines communes accompagnent l'évènement de nombreux mois à l'avance. « Dès la cérémonie des voeux, nous avons décliné le visuel du Tour, et pour toutes les manifestations jusqu'au jour J », explique ainsi Mourad Souni. Pour le lancement des 100 jours du Tour du France, l'animation locale, la « Dictée du Tour », a permis aux meilleurs élèves d'avoir un accès privilégié à la tribune de la ville et aux coulisses de l'arrivée. La veille et le grand jour, avec toutes les caméras du monde braquées sur les villes-étapes, les efforts d'animation seront démultipliés. Fontenay-le-Comte a choisi de fêter les sports avec des diffusions des matchs de la coupe de monde de football, une course cycliste nocturne ainsi que la « rand'eau Vittel », sans compter des concerts, un feu d'artifice, une soirée musicale… Pour Dreux, grâce à la fête nationale et ses animations propres comme le feu d'artifice, les organisateurs témoignent d'une certaine quiétude.Les répercussions économiques
Du point de vue des retombées, les communes se classent entre favoris et outsiders. La nature de l'étape, le statut de la commune dans le parcours du jour, la durée de la présence du Tour… ces avantages font la différence. Cette année, Pau bénéficie de plusieurs circonstances très favorables : elle est ville-arrivée, mais aussi base arrière du circuit de quatre jours dans les Pyrénées. Et, sauf surprise, fin juillet, c'est au départ de l'aéroport de Pau pour rejoindre Paris que le maillot jaune sera connu. Certes, pour le budget municipal lui-même, « il n'y a pas de répercussions financières directes, si ce n'est les taxes de séjour », explique Josy Poueyto. En revanche, l'économie paloise peut déjà comptabiliser quatre nuitées pour les 5 000 personnes qui constituent le village du Tour, sans compter les journalistes et les touristes. En 2011, la Vendée, qui avait accueilli deux étapes, avait fait réaliser une étude d'impact. Résultat : un gain de 22 millions d'euros pour les professionnels du tourisme et une estimation à hauteur de 5,7 millions d'euros pour la couverture médiatique… Or, ce sont bien ces retombées là que visent les municipalités. « C'est surtout une visibilité extraordinaire, s'enthousiasme l'élu de Dreux. Le Tour est retransmis sur 160 chaînes : c'est une publicité inespérée ! »La parole à Justine Nioche consultante, société Protourisme : Un bénéfice d'image
Sur différentes villes étudiées (Saint-Etienne, Metz, Pau…), pour 1 euro investi, on observe un ratio de 50 centimes de valeur ajoutée pour la collectivité organisatrice. Le centre-ville des villes-étapes bénéficie davantage de ces retombées, avec des ratios qui peuvent atteindre 2 euros. Dans nos études d'impact, nous constatons une différence réelle en fonction du fait que la commune soit ville d'arrivée ou à la fois ville d'arrivée et de départ. Dans ce cas, le Tour de France et les touristes dorment sur place. Mais les communes qui nous sollicitent le font surtout pour évaluer l'impact sur leur image. Or, alors qu'elles ne sont pas a priori des destinations touristiques, elles constatent qu'après le passage du Tour les visiteurs se disent prêts à revenir. »